Changer notre regard… Si nous voulons favoriser la présence d’oiseaux en ville et la diversité des espèces, il convient de leur assurer le gîte, le couvert et la sécurité. En rendant notre environnement plus accueillant, nous réaliserons qu’il devient dans le même temps également plus plaisant pour nous autres humains, et qu’il nous apportera joie et détente.
Quel enchantement d’observer ce chardonneret élégant décortiquer un pissenlit derrière ma baie vitrée ! Ce superbe passereau ne visite guère les jardins trop bien entretenus. Voletant çà et là, il a repéré la végétation qui pousse presque sauvage et libre autour de ma maison et il lui a rendu visite le 19 avril dernier. Cet oiseau a pour habitude de se percher sur des plantes de faible taille, non ligneuses, dont il exploite les graines. À cette occasion, comme les mésanges, il prend des poses acrobatiques, maintient les tiges de ses pattes aux longs doigts griffus pour les picorer tout à son aise.
Le chardonneret est essentiellement granivore. Il recherche en priorité les composées (astéracées) (cardères, chardons, centaurées, bardanes, séneçons, asters, tussilages, pissenlits, laiterons ou autres plantes à fleurs en capitule) dont il prélève généralement les graines directement sur la fleur. Au cours de l’année, il peut picorer jusqu’à 150 espèces végétales différentes ! On est loin de l’uniformité actuelle du contenu de nos propres assiettes !
Cet oiseau sera tenté par une visite du jardin uniquement s’il contient une zone sauvage avec les plantes qu’il affectionne. Sa préférence va donc à la prairie naturelle, la friche. Je me rappelle avoir lu dans l’excellent livre « Un an dans la vie d’une forêt » de David Georges Haskell (éditions Flammarion) qu’un unique mètre carré de sol contient un nombre extraordinaire de graines. Elles ne germent pas toutes en même temps bien sûr. Au contraire les plantes se succèdent au fil des semaines et des saisons sans se porter ombrage.
J’ai coutume de rappeler que, dans nos régions tempérées, les herbes n’atteignent jamais la taille des arbustes ou des arbres, mis à part les bananiers et palmiers originaires des pays chauds et qui sont des herbes géantes. En l’espace d’un an ou deux, nos herbes germent, poussent, s’épanouissent, fanent et meurent, enrichissant le sol de leur matière qui se dégrade progressivement. Tondre la pelouse, c’est restreindre la diversité des plantes qui la composent et empêcher leur cycle de s’accomplir. Comme dans nos sociétés humaines, on privilégie la jeunesse au détriment des phases suivantes de la vie, maturité, reproduction, vieillesse, mort…
Le bec conique mais relativement allongé du chardonneret lui permet d’extraire les petites graines, y compris celles des cardères tapies dans des épis au fond de tubes étroits. Toutefois, seuls les mâles sont aptes à picorer ces dernières, le bec plus court des femelles les handicapant. En effet, cette plante protège ses graines à l’aide de longues épines pointues. Le chardonneret élégant, l’un des plus petits fringillidés, a acquis au fil de l’évolution le bec le plus long et le plus mince de toute la famille. Il peut donc se percher sur un chardon et insérer son bec entre les épines pour extirper les graines, sans crainte de se piquer la tête ou les yeux.
En période de nidification, il peut agrémenter son régime alimentaire de quelques invertébrés: petits coléoptères, diptères, pucerons, chenilles et larves qui servent également à nourrir les jeunes au nid. Il se nourrit également sur les arbres (graines des chatons de saules ou de bouleaux, bourgeons).
En hiver on le trouve aussi dans les arbres, où il picore dans les strobiles des aulnes, les samares des ormes et les pommes de pins. Il fréquente volontiers les postes de nourrissage, attiré par les petites graines qu’on y dépose (cacahuètes, millet ou mélange pour oiseaux forestiers), mais pas du tout par la graisse ou autres substances d’origine animale. Il prélève très rarement des baies.
Le chardonneret n’est pas le seul à apprécier un environnement semi-sauvage. J’ai retrouvé des photos de l’an dernier d’autres oiseaux fréquentant mon jardin ou l’espace vert attenant.
Le Serin cini n’est ni un oiseau forestier, ni un oiseau des milieux agricoles. Il recherche les endroits semi-ouverts, pourvus à la fois d’arbres et arbustes, feuillus et/ou résineux, dans lesquels il peut nidifier, et d’espaces dégagés riches en plantes herbacées où il peut se nourrir. C’est la raison pour laquelle il aime le milieu urbain avec ses parcs et jardins riches en arbustes ornementaux à feuillage persistant, thuyas, ifs, buis… En hiver, les Serins cini fréquentent les secteurs riches en plantes herbacées porteuses de graines.
Les arbres fruitiers sont aussi des lieux très prisés par nombre d’espèces d’oiseaux. Il y a deux ans, nous nous sommes entendus entre voisins pour remplacer les deux grands peupliers dont les racines venaient encombrer les canalisations par un assortiment de fruitiers, pommiers, poirier, néflier, noyer, arbousier. J’ai moi-même planté deux pruniers à proximité dans mon jardin. J’ai ainsi eu le plaisir de voir ces jeunes arbres adoptés (dans un premier temps) comme perchoir d’observation et ensuite comme lieu de nourrissage.
Pour finir, les deux derniers sont insectivores. Le gobemouche noir préfère les chenilles, les coléoptères et les mouches qu’il trouve posés sur les feuilles ou sur le sol. En outre, les araignées, les myriapodes, les isopodes et même les mollusques fournissent un appoint non négligeable à son alimentation. En dehors de la saison de la reproduction, à partir de la fin de l’été et du début de l’automne, il consomme également des petits fruits, des graines et des baies, notamment celles du sureau. Il niche en hauteur, dans un trou d’arbre, un ancien nid de Pic épeiche, une cavité de mur ou une fissure de falaise.
Quant au Rougequeue noir, c’est avant tout un insectivore qui se nourrit de divers invertébrés terrestres, principalement d’insectes et/ou de leurs larves, mais également d’araignées, de millepattes, de petits mollusques, de petits lombrics, etc. En bord de mer, il peut consommer de petits crustacés intertidaux. Il se nourrit aussi de petits fruits et de baies dès que l’avancée de la saison lui en offre. Les graines sont marginales dans son régime.
Pour tous ces oiseaux, l’emploi d’herbicide et d’insecticide ne peut être que néfaste, par suppression et/ou empoisonnement de leur source alimentaire…
Ces initiatives commencent aussi dans le Sud Ouest, pourtant traditionnellement terres d’agriculteurs , mais aussi villes moyennes occupées parfois de leurs racines (dans tous les sens du terme ! ) ; Bravo à vos initiatives qui peuvent conforter d’autres motivations .
Quelles belles photos d’oiseaux !