Une deuxième réunion s’est déroulée le 20 janvier dans le parc municipal situé devant la ZUP des Hauts de Sainte-Croix à Bayonne avec Fabien Nogué (Graines de liberté). Etaient présents Pierre Meauzé et François Gilles (Groupe Colibris), Cathy Constant-Elissagaray (Amis-Chemins) et Ana Morin (qui a pris les photos ci-dessous), ainsi que Laurent Bernays, trésorier et animateur “agropoétique” et Youssef, cuisinier (Graines de liberté).
Youssef (Graines de liberté), François et Pierre (Colibris), Cathy (Amis-Chemins)
C’est le troisième jardin partagé réalisé par Graines de liberté. Les deux premiers n’ont pas répondu aux attentes de l’association. Il est important d’en comprendre les raisons.
Dans le premier cas, 150 m² de terrain ont été mis à disposition par la ville devant le centre de loisir du patronage laïque des petits Bayonnais de Cam de Prats, mais ceux-ci ne se sont pas bien impliqués dans l’expérience, ni les habitants du voisinage, les membres de Graines de liberté étant considérés simplement comme des jardiniers gratuits.
Un second terrain de 300 m² a été mis à disposition par l’office 64 HLM à la demande de la Maison de la Vie Citoyenne de Balichon à Bayonne, mais là aussi, la participation de la MVC n’a pas été celle attendue, bien qu’il y ait un animateur jardinage. Pourtant, des rendez-vous réguliers étaient donnés deux fois par semaine, ainsi que des ateliers cuisine (cuisine familiale créative) “Du champ à l’assiette” organisés durant l’été, une soirée dégustation des “Incroyables jus”, découverte de l’extracteur de jus, repas partagé déguisé avec crêpes, construction d’un ou plusieurs salons de jardin à partir de matériel récupéré (palettes, tonneaux, billots, visserie, touret électrique, ponceuse, scie sauteuse, etc.). A l’heure actuelle, la MVC reste sans directeur depuis un an.
Évènement : Dans le cadre du festival des Ethiopiques, plantation de patates dans des sacs de la poste le long de la rue Sainte Catherine, après en avoir informé les commerçants, préparation d’une grande soupe à partir de légumes à 60% glanés et récupérés (invendus des marchés et supermarchés) et 40% achetés aux frais d’Ezkandrai qui gère les Ethiopiques.
Un jardin partagé au pied des barres d’immeubles de la ZUP de Bayonne
Forts de ces expériences, la démarche a été très différente à la ZUP.
D’abord, c’est la mairie qui a sollicité Graines de liberté, connue des services pour ses deux expériences de jardins partagés et pour les animations réalisées dans la ville.
La première préoccupation a été de soigneusement préparer les esprits à cette expérience : discussions avec les habitants en bas des immeubles autour d’un stand ou d’un café, préparation d’un questionnaire et entretiens avec une soixantaine de personnes sur un an (dix enquêteurs) en passant dans tous les appartements à tous les étages des immeubles, à divers horaires de la journée. Pique-nique, rencontres festives.
Pose sur l’herbe des cartons ensuite recouverts de BRF en décomposition
C’est la mairie qui a financé l’achat d’une petite cabane de jardin, d’une barrière en bois avec deux portails. Pour la petite histoire, les deux portails ont été posés en premier sur l’herbe, sans barrière, mais des jeunes sont venus s’acharner sur les loquets et les cadenas. Ainsi, quand finalement la barrière a été livrée et installée, et qu’on a constaté qu’elle n’était pas assez longue pour clôturer le jardin, il a été décidé de laisser celui-ci ouvert (malgré la crainte de dégradations humaines d’une part – qui n’ont pas eu lieu – et d’intrusion des chiens d’autre part). A terme, la barrière sera enlevée lorsque les petits fruitiers (par ex. groseilliers du Conservatoire végétal régional d’Aquitaine) formeront une haie suffisamment fournie.
130 élèves du collège voisin ont convenu de venir aider à réaliser le jardin sur 80 séances. Dans les barres d’immeubles, ceux qui n’ont pas la main verte apportent de quoi agrémenter les légumes récoltés quand un pique-nique est organisé sur place, ce qui arrive régulièrement. D’autres apportent des graines. Il y a aussi un passionné de tomates qui fait des semis sur son balcon et qui, n’ayant pas de jardin, les apporte pour les voir grandir, s’épanouir et profiter à tout le monde.
Un outil à pointes que Pierre tourne pour déraciner le chiendent
Terreau : Les branches broyées après la taille des platanes le long des immeubles sont récupérées : cela évite à l’entreprise de se rendre à St Martin de Seignanx.
Cartons : récupération (étalés sur l’herbe, ils sont recouverts du terreau issu des copeaux, soit pour créer des allées, soit pour préparer la création de nouveaux parterres)
Plusieurs techniques de préparation des plates-bandes :
– en butte
– en couches : 1/ carton posé directement sur l’herbe – 2/ copeaux de bois en cours de décomposition (B.R.F.) – 3/ terreau/compost – 4/ paillage
– ou (en 1/) branchages dans une fosse creusée (ex. Robert Morez et sa fameuse « butte sandwich« ) – On estime que la butte sandwich est autofertile pour au moins 5 ans, à condition qu’il y ait toujours des plantes et qu’elle ne se dessèche pas de l’intérieur.
– Dernière technique, les « lasagnes », version simplifiée de la précédente : juxtaposition de couches d’éléments riches en carbone (foin, feuilles sèches, BRF) et d’éléments riches en azote (tonte de pelouse, déchets de cuisines, feuilles vertes). Le principe est sensiblement le même (auto fertilité, paillage en carton) mais plus rudimentaire.
Bonnes volontés : Lors de notre visite, des jeunes américains et canadiens d’une association chrétienne, hébergés à Biarritz, sont venus donner un coup de main pour le jardinage (chants, guitare, très gais) sous la direction de Laurent Bernays de Graines de liberté.
Plantation d’un groseillier à maquereau du Conservatoire végétal régional d’Aquitaine par Pierre Meauzé, du groupe Colibris