Dès qu’on soulève une butte de tonte d’herbe, une vie grouillante apparaît, les vers de terre se hâtent de plonger dans l’obscurité, de grosses larves semblent déjà commencer leur hibernation, des insectes et des araignées s’échappent à toutes pattes. Nous sommes rassurés, le jardin du Mandala de Lespès est à un emplacement idéal, et les auxiliaires du jardinier foisonnent. Pas besoin de retourner la terre, les vers le font pour nous !
Quant à la larve que nous découvrons aujourd’hui, il s’agit d’un « ver blanc« , mais de quelle espèce de coléoptère ? S’agit-il d’une larve de cétoine ou de hanneton ? La première se nourrit de matières en décomposition, elle est utile au jardin et tout spécialement dans le composteur. La deuxième est herbivore et se nourrit surtout de racines vivantes. La cétoine a une petite tête, les pattes courtes, un gros abdomen arrondi et foncé, sa taille dépasse rarement 3 cm. Le hanneton a une grosse tête dotée d’une forte mandibule, de longues pattes, un abdomen plus en pointe et plus clair et il atteint couramment 4,5 cm.
C’est dans le déplacement que la différence est évidente : la cétoine exécute une reptation sur le dos, tandis que le hanneton se sert (maladroitement) de ses pattes. L’une est utile (et protégée), l’autre est un concurrent du jardinier dont il apprécie (à sa manière) le travail en dévorant racines, bulbes et tubercules. La solution pour y remédier est proposée sur un forum: c’est de les manger ! En Nouvelle Calédonie, ils sont consommés grillés ou vivants, ils sont appelés les vers de bancoule, car on les trouve dans le bois d’un arbre que l’on appelle le bancoulier. Enfin, si on les laisse manger du coco râpé, les larves sont d’autant plus succulentes. Il existe des concours de dégustation de ces vers pleins de protéines…
La larve de hanneton peut se développer dans le sol durant trois ans. Une fois développé et transformé en imago (version adulte), le hanneton mangera les parties aériennes des plantes. La femelle aime pondre dans un sol meuble en été, le paillage peut être une bonne solution pour éviter qu’elle ponde dans le potager. La présence de ses prédateurs, hérisson ou certains oiseaux, prévient une trop grande multiplication. – La présence de quelques vers blancs dans une pelouse est parfaitement normale et naturelle. Seul un déséquilibre peut induire une multiplication excessive. On voit sur le schéma ci-dessus que la larve s’enterre de novembre à mars (bande rouge) : elle jeûne durant tout ce temps dans l’attente des beaux jours. L’imago (l’insecte adulte) mange des feuilles en juin-juillet, et la larve mange les racines de juillet à octobre.
Aujourd’hui, plan ORSEC repiquage ! Les salades ont été semées très serré, il va falloir déterrer les jeunes pousses, les séparer les unes des autres – car leurs racines sont emmêlées -, et les repiquer en laissant de l’espace (15 cm) entre elles. Pour cela, on dégage un parterre de sa protection de tonte séchée en train de se dégrader, on aère le sol avec la grelinette pour extirper les racines d’herbes sauvages dont les parties aériennes ont dépéri dans l’obscurité, on enfonce un doigt dans la terre meuble pour creuser un petit trou où l’on glisse prestement une pousse de salade. Enfin, on rabat la terre et on appuie bien pour que la racine soit correctement en contact et qu’il ne reste pas d’air autour. Et ainsi de suite… C’est un travail de patience, qui nécessite de la méticulosité et de l’application pour tous ces néophytes dont c’est la première expérience.
Une fois le parterre empli, il faut en dégager un autre, car le semis a été généreux et toutes les graines ont germé ! L’heure tourne, finalement, on en laisse pour la semaine prochaine, ou bien on fera la comparaison de la croissance entre des pousses repiquées et des pousses très serrées. Il y aura de la salade pour tous les résidents ! Les planches sont arrosées, puis recouvertes d’une fine couche de paillage pour ne pas laisser la terre à nu. On les entoure d’un rebord de paille et, pour les deux planches face à l’entrée du Mandala, d’un alignement de gros galets clairs. C’est beau !