Nous nous trouvons dans le quartier Hardoy, rue Francis Jammes, à son intersection avec la rue Lamouly qui amorce sa montée en pente douce vers le boulevard du BAB. A cet endroit se trouve une petite zone humide relativement préservée, en contrebas de la voie d’Aritxague très fréquentée dont le bruit est heureusement estompé en raison de sa situation surélevée. Un endroit calme donc, propice à une petite vie paisible. Je m’arrête dans le virage, abandonne là mon vélo, et j’attends en regardant l’eau immobile du ruisseau de Florence où se reflète la végétation des berges. Ma patience est récompensée: rapidement, j’aperçois à une trentaine de mètres un oiseau noir dont le bec rouge se termine par une pointe jaune d’or. Son croupion pourvu de deux bandes convergentes d’un blanc éclatant indique que cette gallinule poule d’eau arbore déjà son plumage nuptial.
En effet, si nous frissonnons dans la froidure hivernale, les oiseaux sont plutôt sensibles à l’allongement des jours et se préparent à engendrer une nouvelle couvée. Depuis le solstice d’hiver le 21 décembre, et après quelques jours de latence, la durée d’ensoleillement s’est mise à augmenter à grande vitesse. Cela est dû à un autre phénomène que celui des saisons. La révolution de la Terre d’une durée d’un an forme une ellipse dont l’un des foyers est le Soleil (Cf. schéma ci-contre). En 2019, la Terre était à la distance la plus courte du Soleil (à son périhélie) le 3 janvier à 5 heures du matin (en temps universel), donc à 6 heures du matin à la montre. Lorsque la Terre s’approche de son périhélie elle accélère, et plus elle s’en éloigne, plus elle décélère. La conséquence dans le calendrier, c’est que l’automne et l’hiver ont une durée plus courte que le printemps et l’été.
Donc, j’aperçois ma gallinule, mais je me dis qu’elle est un peu loin pour que je puisse faire une bonne photo. Je longe donc le ruisseau pour la dépasser, puis j’enjambe la rambarde et je marche dans les herbes détrempées en tâchant d’éviter de trop me frotter aux orties qui adorent aussi l’humidité ambiante. J’avance en prenant des ruses de Sioux et, de temps en temps, je me penche en prenant garde de ne pas glisser dans l’eau froide, puis je poursuis ma progression. C’est bizarre, elle a disparu ! Pourtant, je ne pense pas qu’elle soit partie bien loin, mais j’ai beau regarder, elle est invisible. Je retourne sur la route et reviens à mon intersection, à l’endroit exact où je l’avais observée, et j’attends. Quelques minutes plus tard, la voilà qui pointe le bec, puis elle replonge aussitôt à couvert: elle joue à cache cache la coquine ! Je patiente encore et la revoilà. Elle va et vient, rassurée de me voir immobile, et vaque à ses occupations. La gallinule, du point de la vue de la qualité de l’eau, n’est pas super exigeante puisqu’on la voit communément en ville dès qu’elle peut trouver de la nourriture (elle est omnivore) et des herbiers où se cacher et nidifier. En 2015, une fontaine en pierre de Bidache a été découverte. Elle faisait probablement partie du domaine du Lardach dont le château domine encore la colline un peu plus loin. Sa présence montre qu’au XIXe siècle l’eau qui s’écoule dans ce ruisseau était alors potable.