Une curieuse chenille

Acronicta rumicis
Acronicta rumicis

Cette chenille a été photographiée au Jardin des étoiles. Elle se trouvait cachée sur l’envers d’une feuille d’un bouquet d’oseille qu’elle s’appliquait à dévorer posément à partir du bord extérieur. Autre précision, elle était toute seule, contrairement à la chenille de la piéride du chou que nous observons régulièrement en colonies. Je me suis plongée dans les pages excellemment documentées d’Aramel, et j’ai fini par m’arrêter sur la photo de la chenille de l’Euproctis chrysorrhoea ou « Cul brun » qui m’a paru s’en rapprocher le plus. Pourtant, je doute que ce soit la bonne identification. En effet, il indique que ces chenilles hivernent dans des « bourses » ou cocon collectif comme les chenilles processionnaires, et qu’elles se métamorphosent en papillon à la fin du printemps. Or, nous sommes en novembre et il n’y a qu’un individu. Quant à la chenille d’Euproctis similis ou « Cul doré« , plus rare, si elle s’isole dans un abri pour passer l’hiver, ses soies par contre sont longues et de couleur noire et grise, ce qui ne correspond pas à notre observation.

Acronicta rumicis
Acronicta rumicis: Puppe

Poursuivant ma recherche sur Aramel, j’ai enfin trouvé le bon papillon: il s’agit de la Noctuelle de la Patience ou Cendrée noirâtre (Acronicta rumicis ou Viminia rumicis). La description (et la photo) de sa chenille correspondent tout à fait : « Tégument noirâtre avec soies rousses, grandes taches blanches dorsales, bande latérale longitudinale blanche séparée par des taches rouge orangé, stigmates blancs ». Cette noctuelle vole de mars à septembre selon la localisation, sur deux générations. Elle est attirée par la lumière. On la rencontre dans des milieux variés, y compris dans les villes et villages. Sa chenille se nourrit sur différentes plantes herbacées : l’épinard-oseille ou l’épinard perpétuel (Rumex patientia), des plantains (Plantago), des chardons (Carduus et Cirsium), le houblon (Humulus lupulus), et aussi des arbres et arbustes, saules (Salix), aubépines (Crataegus)…

Tournesol

Les noctuelles (Noctuidae) forment une famille comptant probablement plus de 25 000 espèces de par le monde et plus de 750, rien que pour la France métropolitaine. La plupart des espèces possèdent une livrée cryptique, au moins au niveau des ailes antérieures car chez certaines espèces, les ailes postérieures sont parfois brillamment colorées… mais ces ailes ne sont le plus souvent découvertes que pendant la pariade. Beaucoup d’espèces portent leurs ailes en toit. Les chenilles de beaucoup de noctuelles sont connues des jardiniers et des agriculteurs sous le nom de vers gris. Elles vivent dans les couches superficielles du sol et viennent, principalement la nuit, grignoter le collet des plantes dont elles provoquent, à terme, le flétrissement. Les choux, les salades, les céleris, les tomates et de multiples autres légumes en font régulièrement les frais. Ces vers gris se nymphosent dans le sol sous la forme d’une chrysalide en forme de balle de carabine qui, si on la saisit, remue vigoureusement ses segments postérieurs. Voici l’indication d’un moyen très simple,  » bio  » et plutôt efficace de protéger les cultures : c’est le rouleau de carton qui sert de support au papier hygiénique. Il suffit de l’enfoncer en terre, en le laissant dépasser de 2 cm et d’y placer le plant à protéger, salade, céleri ou autre. Si on ajoute une pincée de farine de maïs à la périphérie du carton, ces chenilles ne mangeront pas le jeune plant.

 

Une curieuse chenille
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