A la Tour de Lannes

Pigeon ramier ou palombe

Il existe trois espèces de pigeon sauvage : le pigeon ramier (la palombe), le pigeon Biset et le Colombin. La photo ci-contre est celle d’une palombe, reconnaissable à la tache blanche sur le côté du cou et à son bec bien coloré. Cet oiseau a un instinct grégaire, il se déplace partout en groupe à la recherche d’une nourriture essentiellement végétarienne. En été, les pigeons font le va-et-vient entre les cerisiers de mon voisin et le grand mûrier qu’ils ont peut-être contribué à semer il y a des années en bas de mon jardin. Lorsqu’ils s’abattent sur ses rameaux souples, leur poids est tel qu’ils manquent à chaque fois de basculer et se rétablissent dans de grands battements d’ailes qui froissent l’air bruyamment, ridicules ! En automne, ils envahissent la chaussée pour picorer les glands écrasés par les voitures et ne s’écartent qu’à regret, marchant à toute vitesse et oubliant presque qu’ils ont des ailes pour s’échapper plus vite et se mettre hors de portée ! L’autre jour, ils étaient près d’une vingtaine posés sur la piste cyclable bosselée de racines, lorsque j’allais vers Aritxague. L’herbe rase sous les arbres et le bitume étaient encombrés des fruits épineux de liquidambars dont ils extirpaient les graines. Ce tapis irrégulier de bogues molles m’inquiétait un peu, et je roulais au ralenti pour éviter d’être déséquilibrée. Du coup, c’est à peine si les oiseaux se déplaçaient en marchant quelques pas pour me céder le passage !

Merle noir

A l’époque où je tondais et ramassais les feuilles mortes, je rêvais de dresser les merles à me les mettre en tas. En effet, ces oiseaux ont l’art d’attraper vivement avec leur bec chaque feuille morte par la tranche pour la rejeter sur le côté. Ils surprennent ainsi toute la petite faune qui se trouvait abritée dessous et s’en repaissent goulument. En été, j’examine le manège des parents qui, d’un vol hâtif, traversent à tour de rôle le jardin à deux ou trois mètres du sol, une cerise sanguinolente dans le bec. Lorsque la treille tamise la lumière donnant sur les fenêtres orientées au sud, les pétales de ses fleurs se détachent et se dirigent avec hésitation vers le sol, tels des flocons de neige qui finissent par consteller la terrasse étroite. Les raisins mûrissent et, si la météo leur convient, le mildiou les épargne et ils s’enflent d’une chair sucrée délicieuse.

Merle noir, juvénile ?

C’est alors que le merle, qui a surveillé l’évolution en rendant ponctuellement visite à la liane, se pose sur un sarment et s’étire vers le bas en faisant des acrobaties pour gober un raisin ou deux sur les grappes pendantes. Puis il s’envole d’un coup d’aile. Jamais je n’ai vu un oiseau dépouiller systématiquement toute une grappe: seuls les humains ont ce comportement, me semble-t-il, à l’exception peut-être des étourneaux dont les vols sont si nombreux. A Laguardia, en Espagne, j’avais été impressionnée par la quantité d’étourneaux qui s’était focalisée sur un vignoble. Il ne devait plus rester grand chose après leur passage, mais je n’ai vu aucun viticulteur essayer de les en chasser. Les merles femelles et les juvéniles ont un plumage et une taille si différents que j’ai longtemps cru qu’il s’agissait de grives. En milieu anthropique, la pression de prédation exercée par les chats et les corvidés peut être très forte. Des études ont montré que les populations concernées ne se maintenaient que grâce à une immigration constante. Cela signifie qu’en ville, la durée de vie de ces turdidés est bien moindre qu’à la campagne… C’est sûrement le cas dans mon quartier qui compte pléthore de chats. J’observe aussi fréquemment de grandes corneilles qui se déplacent en croassant bruyamment du sommet des grands chênes vers l’angle du toit du lycée d’où elles disposent d’un bon point de vue sur leur territoire urbain. Parfois, par jeu, à moins que ce ne soit pour charmer sa partenaire, l’un de ces corvidés imite l’aboiement suraigu du roquet d’un de mes voisins prénommé « Bonzaï », petit par la taille, mais très présent sur le plan sonore… Il ne manquait plus que ça !

Héron garde-boeufs
Héron garde-boeufs

Près de l’aéroport, les hérons garde-boeufs, opportunistes, ont opté pour cohabiter avec les chevaux ! Ils picorent sans crainte à portée des sabots sans que ces géants semblent prêter la moindre attention à ces oiseaux hauts sur pattes. Comme nous, ces hérons ont envahi la terre entière à partir de leur aire originelle en Afrique et, comme nous, ils s’adaptent à des milieux très divers. Contrairement à leurs congénères, ces échassiers réussissent à vivre loin du milieu aquatique et se nourrissent surtout d’insectes, mais également de petits vertébrés. En cette saison hivernale, leur plumage est tout blanc, ils n’arborent pas encore leur tenue nuptiale. Je me souviens d’une halte que j’avais faite à l’Hôpital-Saint-Blaise en revenant d’Oloron. J’avais observé une grosse colonie de ces oiseaux perchés sur les arbres en bordure de rivière.  Dernièrement, le CPIE Pays basque a organisé une sortie vespérale pour montrer aux participants un de ces grands dortoirs en bordure de Nive vers Ustaritz.

Héron garde-boeufs
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3 commentaires sur “A la Tour de Lannes

  • 27 janvier 2019 à 14 h 46 min
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    Bonjour Cathy
    Très intéressant et belles photos.
    Gérard

    Répondre
  • 27 janvier 2019 à 15 h 31 min
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    Bravo Cathy
    Très intéressant et jolies photos …

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  • 27 janvier 2019 à 17 h 08 min
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    LE CHASSEUR D’IMAGES
    II saute du lit de bon matin, et ne part que si son esprit est net, son cœur pur, son corps léger comme un vêtement d’été. Il n’emporte point de provisions. Il boira l’air frais en route et reniflera les odeurs salubres.
    Il laisse ses armes à la maison et se contente d’ouvrir les yeux. Les yeux servent de filets où les images s’emprisonnent d’elles-mêmes.
    La première qu’il fait captive est celle du chemin qui montre ses os, cailloux polis, et ses ornières, veines crevées, entre deux haies riches de prunelles et de mûres.
    Il prend ensuite l’image de la rivière. Elle blanchit aux coudes et dort sous la caresse des saules. Elle miroite quand un poisson tourne le ventre, comme si on jetait une pièce d’argent, et, dès que tombe une pluie fine, la rivière a la chair de poule.
    Il lève l’image des blés mobiles, des luzernes appétissantes et des prairies ourlées de ruisseaux. Il saisit au passage le vol d’une alouette ou d’un chardonneret.
    Puis il entre au bois. Il ne se savait pas doué de sens si délicats. Vite imprégné de parfums, il ne perd aucune sourde rumeur, et, pour qu’il communique avec les arbres, ses nerfs se lient aux nervures des feuilles.
    Bientôt, vibrant jusqu’au malaise, il perçoit trop, il fermente, il a peur, quitte le bois et suit de loin les paysans mouleurs regagnant le village.
    Dehors, il fixe un moment, au point que son œil éclate, le soleil qui se couche et dévêt sur l’horizon ses lumineux habits, ses nuages répandus pêle-mêle.
    Enfin, rentré chez lui, la tête pleine, il éteint sa lampe et longuement, avant de s’endormir, il se plaît à compter ses images.
    Jules Renard, Histoires naturelles.

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