Est-ce que l’hiver le jardin s’endort ? Pas du tout ! Les jardiniers d’Escoundé-Lagunekin sont encore très actifs. En fin d’année, ils ont créé entre eux l’association Potager Amalur et au mois de janvier, c’est devenu officiel avec l’inscription au greffe. Comme l’a conseillé Sonia, l’animatrice de Libre Cueillette, ils ont pris l’habitude de récupérer les pommes de terre et l’ail qui ont germé dans le bac à légumes pour les planter au jardin. Ils guettent aussi les bonnes occasions sur la Toile pour l’obtention d’une petite serre, de terreau, de foin ou de paille…
Astrid envoie au groupe WhatsApp Amalur une maxime sympathique en espagnol : « El que trabaja con las manos es un artesano. El que trabaja con la mente es un cientifico. El que trabaja con el corazon es un artista. El que trabaja con las manos, la mente y el corazon es un agricultor. » Elle pourrait se traduire ainsi: » Celui qui travaille avec ses mains est un artisan. Celui qui travaille avec son esprit est un scientifique. Celui qui travaille avec son cœur est un artiste. Celui qui travaille avec ses mains, son esprit et son cœur est un agriculteur.«
La petite équipe prépare une réunion pour la Chandeleur à laquelle sont conviés tous les voisins. Une affiche a été confectionnée avec au programme la dégustation de crêpes et la projection des photos de l’évolution du jardin depuis le début. Dans la perspective de la fin des animations avec Libre Cueillette dans cinq mois, les jardiniers se préoccupent de trouver un agenda des semis et plantations bien conçu, pas trop complexe et surtout adapté à la douceur du climat basque, où tout est en avance par rapport aux indications de chronologie que l’on trouve généralement.
Par exemple, les fèves ont été semées à l’automne et il faut déjà les butter en janvier car leurs tiges déjà longues s’affaissent sous l’effet des intempéries hivernales. Il faut aussi butter les poireaux et les trois fenouils pour que les tiges et les bulbes demeurent blancs à l’abri de la lumière. Et pourquoi pas semer des légumes « perpétuels », se demande Astrid ? Ils nécessiteraient moins d’attention et de soins que les plantes annuelles. A ce propos, le site « Cuisine sauvage » comporte un bel article sur l’ail des ours que l’on peut installer dans un coin où il pourra s’étaler avec le temps. Il met judicieusement en garde contre des confusions que l’on pourrait faire en allant chercher des plants sauvages dans la nature et le risque de collecter des plantes toxiques ou insipides. Kattalin, quant à elle, pense aux fleurs comestibles, comme la rose trémière par exemple. Sonia explique qu’il en existe plusieurs variétés, les plus résistantes étant les vivaces.
Les arbres ont désormais perdu tout leur feuillage. C’est l’occasion de changer de paillis, d’abandonner les tontes d’herbe et de protéger le jardin sous un manteau de feuilles mortes. Les plantes dont les tiges aériennes ont séché sont coupées à la base en laissant les racines dans le sol. Ces activités au jardin, si elles n’attirent pas les foules, éveillent au moins l’attention des voisins. Justement, l’un d’eux a un problème avec son citronnier en pot sur le balcon: il fleurit, mais ne donne pas de fruits, pourquoi ? Rythme de fructification irrégulier, courants d’air, mauvaise exposition ? Kattalin lui promet de se renseigner auprès de Libre Cueillette.
Lors de la dernière animation, les derniers radis ont été récoltés. Sonia conseille de préparer du pesto avec leur beau feuillage très abondant. Jacques, Astrid et Kattalin se réunissent au local (le txoko) et concoctent une sauce délicieuse qu’ils se partagent entre eux. En voici la recette. Ingrédients: fanes d’une botte de radis, 50 g de noix de cajou crues, 30 g de levure maltée, 1 cuillerée à soupe de purée d’amandes blanches, 100 ml d’huile d’olive extra vierge, 2 pincées de sel. Instructions: Laver soigneusement les fanes et les laisser à tremper dans l’eau 30 mn pour leur enlever l’amertume, égoutter et bien les sécher (dans une essoreuse à salade), mixer tous les ingrédients jusqu’à l’obtention d’une sauce bien lisse, la verser dans un pot à conserver au frigo. L’équipe est ravie de cette expérience: le pesto est …dé…li…cieux… !!!
Pour l’association Potager Amalur, Astrid se propose de rédiger un petit journal hebdomadaire. Elle a même trouvé un logo. Elle suggère également de créer une page Facebook qui pourrait faire connaître l’association et lier des relations pour l’échange de semis ou de plantes. L’équipe est toujours en quête d’une petite serre pour abriter les semis (et désencombrer les terrasses, balcons et salles de séjour de chacun des jardiniers). L’achat se concrétise à la fin janvier et l’équipe se réunit pour le montage. Kattalin signale l’ouverture des inscriptions pour le MOOC « Jardiner avec le vivant » sous l’égide de Tela-botanica, un choix de formation approuvé par Sonia qui annonce le troc de graines du 6 mars organisé par la ferme Alma à Jatxou, avec repas partagé. C’est un joli lieu, dit-elle, et on peut s’y rendre même si on n’a rien à partager.
Depuis le début du jardin partagé, l’équipe se passionne pour les semis. Mais ce n’est pas toujours évident, notamment pour les aubergines qui sont gourmandes de chaleur. Pourtant ce serait bien d’y parvenir, malgré la difficulté d’acclimatation de cette plante originaire de l’Inde. Sonia trouve une vidéo très bien faite où l’on apprend tout sur ce légume. Elle en poste le lien sur le WhatsApp Amalur. Elle fournit aussi par le même biais un tableau des propriétés de certains légumes, fleurs et plantes aromatiques au jardin potager, ainsi que des bonnes associations et voisinages à éviter entre les plantes. Dans la foulée, elle communique une description des bienfaits et mode d’emploi des extraits fermentés de consoude, de fougère et de prêle. On apprend tous les jours au jardin !
Astrid propose de booster la production avec le caca de lapin (qui avait brouté ses semis au printemps dernier !). Sonia conseille de le laisser sécher à part, pas dans le composteur, il pourra être utilisé comme engrais pour les courges, les courgettes… Des bambous sont récoltés dans les environs pour servir de tuteurs. Astrid annonce qu’elle va essayer de cultiver du gingembre. Kattalin a envie de muguet, mais Sonia signale qu’il s’agit d’une vivace qui devient vite envahissante, il serait préférable de planter les bulbes en bordure. Ils feront un joli couvert le long de la clôture. Elle va apporter des graines de tournesol à semer. Les épinards d’hiver sont semés en pleine terre, mais à l’abri d’une bouteille qui fera office de serre.
En prévision du troc de graines à Alma, le groupe se réunit pour préparer les semis à emporter: chacun apporte de quoi faire des petits sachets de graines, du papier, des ciseaux, du scotch, des petites boîtes… Kattalin, toujours à l’affût sur la Toile, découvre qu’il est possible de faire de la gelée de fleurs de mimosa. Astrid rebondit en annonçant que ses lentilles commencent à germer… loin du lapin !
Depuis l’avènement du jardin, la question du rangement des outils, des sacs de terreau, des cagettes pour l’affichage et autres fournitures se pose de façon récurrente. D’abord stockés sous l’escalier d’Escoundé, il a fallu tout déménager dans un local au garage car des voisins s’étaient plaints. Mais cela entraîne de nombreux va-et-vient, les chaussures terreuses laissent leur marque sur le trajet, bref, ce n’est pas très pratique. Ainsi, les jardiniers se réunissent dans la salle commune pour réfléchir sur le projet d’installer une cabane près du jardin, les autorisations à obtenir, le budget à prévoir. Affaire à suivre…
