Selon une première hypothèse, vu son emplacement à 70 mètres au-dessus du niveau de la mer sur le côté du plateau de Parme à Anglet, cette tour fut peut-être initialement un moulin à vent. Selon la mémoire et les traditions de la famille Lannes, elle aurait été vers les années 1800 un relais pour le télégraphe aérien de Chappe reliant Paris à Béhobie, en passant entre autres par la colline de Bordagain de Ciboure. Plus tard et pendant des années, elle sera au centre d’un terrain de manœuvre du 49ème Régiment d’Infanterie (basé à Bayonne), et les soldats en tenue bleu et rouge s’escrimeront à la prendre d’assaut par vagues successives. Lors de la guerre 1939-1945, elle servira enfin de tour d’affût pour des guetteurs.
Notre circuit de confinement dans le kilomètre réglementaire passe aussi par le lavoir de Bessouye joliment restauré, contrairement à celui d’Hondaro un peu plus loin qui mériterait un peu d’attention et de soins. Juste à côté sur la route, un grand criquet a fait les frais du rare passage motorisé.
En effet, le peu de circulation automobile rend bêtes et gens moins attentifs: cette pauvre couleuvre verte et jaune l’a aussi payé au prix cher. Elle devait résider sur les berges du bassin d’orage face au parc Belay. La rue entre les deux offre régulièrement le spectacle malheureux de bêtes écrasées, hérissons, crapauds.
A ce propos, deux jours auparavant, j’ai rapidement aperçu sur le trottoir opposé un alyte accoucheur, un tout petit crapaud au chant flûté. C’est le mâle qui s’occupe de la ponte: contrairement aux autres œufs d’amphibiens de nos régions, elle n’est pas déposée dans l’eau. Il traîne son amas d’œufs jaunâtres entre ses pattes arrières, au printemps ou en été. Dès qu’ils sont prêts à éclore, le crapaud se rapproche d’une pièce d’eau et va y tremper ses œufs. Les têtards sortent alors rapidement.
A la sortie du chemin du bois qui donne sur le lavoir de Bessouye, quelques jolies épiaires des bois poussent dans l’ombre des grandes graminées de la prairie. Leurs feuilles et jeunes pousses sont comestibles crues en salade ou cuites en potage. Leur goût de cèpe relève délicieusement les plats de champignons, et blanchies, elles s’utilisent en légume en accompagnement de poisson.
L’Orobanche améthyste ou Orobanche du Panicaut est une plante non chlorophyllienne. J’en ai vu plusieurs qui poussaient à quelques mètres derrière le grand grillage de l’aéroport, en bordure de la prairie longée par une route empruntée par la voiture de surveillance lors des atterrissages et décollages des avions. Cette plante parasite vit fixée sur les racines de sa plante hôte par l’intermédiaire d’un suçoir. Il existe de très nombreuses variétés d’Orobanches, chacune vivant aux dépens de quelques espèces spécifiques. Certaines espèces sont protégées, d’autres sont combattues comme celles qui parasitent le Tournesol ou le Colza. L’Orobanche améthyste parasite Ballotte, Carotte sauvage, Eryngium, Lierre…
Des montagnes si proches, mais toujours inaccessibles par ces temps curieux de confinement obligatoire au domicile…
Merci pour ces petites « évasions » de proximité ! Belles photos et petits textes intéressants et toujours remarquablement documentés.
Richard