Grâce à deux résidents, le jardin du Mandala s’est bien maintenu depuis son inauguration par le maire d’Anglet, Claude Olive, un événement qui a coïncidé avec la fin de la mission de Libre Cueillette auprès du service jeunesse municipal en juin 2019. Le temps imparti aux animations, un peu trop court, ainsi que divers facteurs sur lesquels nous n’avions pas la maîtrise, n’ont malheureusement pas permis de fédérer un groupe plus important autour du jardin. Depuis cette date, Paul, l’animateur du service jeunesse que nous avions formé, a été remercié à la fin de son contrat et c’est Morgane qui a pris sa suite. Comme elle n’a pas de connaissances en jardinage, Libre Cueillette a de nouveau été missionnée pour six mois, à raison d’une animation tous les quinze jours. En raison de la situation sanitaire fin 2020 et début 2021, les animations n’ont pu démarrer que le 24 février 2021.
Depuis notre départ, plusieurs améliorations notables se sont produites. Tout d’abord, un récupérateur d’eau de pluie a été connecté à une gouttière d’un des alignements de garages, comme nous l’avions préconisé en 2019. Ainsi, pour l’arrosage des jeunes plants ou des semis, le jardin dépend moins de l’accès à l’eau dans le local associatif de l’Amicale qui n’est pas ouvert en permanence et encore moins avec le Covid. D’autre part, une cabane à outils a été dressée près du jardin. Là aussi, cela facilite grandement les activités puisque auparavant les outils étaient rangés à l’Amicale, puis ils ont été déplacés dans le couloir près de l’appartement du couple de résidents jardiniers, ce qui a été cause de dissension avec d’autres résidents désireux de s’impliquer au jardin. Enfin, grâce à l’efficacité de Morgane et au changement de permanente au local de l’Amicale, davantage d’habitants s’intéressent au jardin, y compris les jeunes.
Les premières animations ont consisté à inventorier les plantes du jardin du Mandala et à redémarrer la réalisation de petites pancartes indiquant leur nom, aussi bien à destination des visiteurs que des jardiniers en herbe. Ensuite, il a fallu s’assurer que les espaces qui semblaient vacants ne recelaient pas de semis encore invisibles, du genre pommes de terre, patates douces, oignons, afin de ne pas commettre d’impairs vis à vis des résidents qui ont poursuivi les activités au jardin… Enfin, tout le monde n’a pas la vocation du jardinage, mais d’autres compétences peuvent être requises, comme celle du bricolage. C’est ainsi qu’un résident a pu rapidement aménager l’intérieur de la cabane pour poser en hauteur des objets ou suspendre des outils, et trouvé une solution pour éviter que la porte ne claque et brise ses gonds. C’est super !
Nous indiquons à Morgane que la tonte des espaces verts de la résidence peut être récupérée, il suffit d’en faire la demande à l’entreprise et de veiller, lors de son passage, à ce que les employés n’oublient pas d’en réserver un peu pour le jardin. Attention aussi à ne pas stocker l’amas d’herbe fraîche trop longtemps et sur une trop grosse épaisseur. Quinze jours plus tard, nous montrons à quel point la température peut monter à l’intérieur du tas sous l’effet de la fermentation engendrée par les microorganismes. Cela peut aller jusqu’à réduire en cendres l’herbe, ce qui n’est pas le but recherché !
Le jardin a un peu perdu sa forme initiale de Mandala, mais ce faisant, il s’est bien agrandi. Les framboisiers ont été déplacés en dehors, le long du mur en limite de propriété, de même que les arbres ou arbustes fruitiers qui avaient été mis en jauge. Seul demeure un cerisier offert par une résidente et qui, après des débuts difficiles, a aujourd’hui belle allure, ainsi qu’un mûrier dont la présence en ce lieu m’inquiète. Il est déjà grand, et si l’on tarde, il sera de plus en plus difficile de le déplacer sans l’endommager. Par contre, s’il demeure en place, sa disposition à l’ouest plongera le jardin dans l’ombre de sa canopée durant une bonne moitié de la journée. Pas très bon pour les tomates et autres plantes avides de soleil et de chaleur !
C’est le moment de semer ! Sonia évoque la technique ancestrale amérindienne de culture dite « des trois sœurs », ou milpa, qui réunit le maïs, le haricot et la courge. Le maïs sert de tuteur au haricot grimpant, la courge, rampante et dotée de larges feuilles, limite l’évaporation de l’eau, maintient la fraîcheur et fait office de couvre-sol, freinant la pousse d’herbes sauvages. Quant au haricot, il enrichit la terre grâce à la symbiose de ses racines avec des bactéries qui captent l’azote atmosphérique et fabriquent des molécules qui constituent un engrais naturel pour les trois plantes. Ces dernières composent encore la nourriture de base des Indiens d’Amérique centrale et forment à elles seules un repas équilibré, apportant notamment tous les acides aminés nécessaires à l’organisme humain.
Un désherbage massif a lieu dans l’intervalle entre deux animations Libre Cueillette. Quelque temps plus tard, avec l’avancée du printemps, une pullulation de pucerons se manifeste, de même que celle de champignons provoquant « la pourriture blanche » ou oïdium. Nous avons un peu de mal à faire comprendre la nécessité d’introduire une plus grande diversité de plantes dans le jardin pour accueillir toute l’année les auxiliaires du jardinier, coccinelles, syrphes, chrysopes, etc. Par exemple l’oïdium fait partie du régime alimentaire de la Coccinelle à vingt-deux points (Psyllobora vigintiduopunctata) et de sa larve, aux élytres jaunes ponctuées de points noirs. La limace, contrairement aux idées reçues, est également un précieux auxiliaire. En effet, l’alimentation des gastéropodes est quasi totalement centrée sur les champignons: 1) ceux de la décomposition: ce sont des éboueurs; 2) les champignons pathogènes : ce sont des régulateurs de maladies; 3) les champignons du sol : ce sont des cupidons du sol, des ensemenceurs.
Nous montrons aux participants qu’un examen plus attentif révèle que les pucerons qui se multiplient sur les plants de fèves ne sont pas de la même espèce que ceux qui sont sur les plants de tomates, par exemple, certains sont noirs, d’autres verts. J’invite les participants à lire sur le site de Libre Cueillette, à la rubrique Ressources, la conférence de l’agronome Hervé Covès que j’ai retranscrite et qui se rapporte justement aux pucerons. En règle générale, il est préférable de mélanger des plantes d’espèces variées sur les parterres, de façon à troubler les « ravageurs » et éviter une propagation trop facile pour eux d’un pied à l’autre. Toutes ces informations arrivent malheureusement trop tard: une résidente a décidé de son propre chef l’arrachage des fèves (semées par une autre résidente). Elle s’apprête à faire de même avec des plants de tomates qu’elle a mis en terre depuis peu de temps. Une façon un peu radicale de traiter les problèmes, sans recherche des causes ! Morgane, l’animatrice du service jeunesse, comprend qu’il faut prendre des mesures pour assurer une bonne coordination entre les apprentis jardiniers. Une réunion dans l’enceinte de l’Amicale est prévue dans les jours qui viennent…
