Les légumes les plus divers ont été plantés sur tous les parterres. Si l’étiquetage a bien été amorcé au début, il n’a pas suivi le rythme soutenu des semis et des plantations, si bien que l’on s’interroge parfois sur ce qui pousse, par exemple pour distinguer parmi les diverses cucurbitacées (courgettes, melons, concombres, cornichons, courges spaghetti, potimarrons,…) caractérisées par une floraison jaune, de larges feuilles au vert uni ou chiné et une liane rampante qui peut prendre une belle envergure.Tant que le fruit n’est pas là, il est fort possible de se tromper ! La signalétique fera partie des actions à améliorer dans les mois qui viennent, aussi bien pour les jardiniers petits et grands que les visiteurs. Elle est particulièrement importante pour repérer les endroits où des semis ont été effectués, car la germination peut durer de quelques jours à quelques semaines selon les espèces, et il faudra se garder de remuer le parterre, ou d’y semer ou planter autre chose en superposition. Par contre, Sonia signale que l’on peut parfaitement pailler les semis pour éviter de laisser la terre à nu: pas d’inquiétude, les fines pousses trouveront quand même leur chemin vers la lumière !
Les récoltes doivent être faites en temps et en heure, de préférence tout de même le mercredi, au moment de l’animation de Libre Cueillette, mais lorsque c’est urgent, également en semaine, avec l’autorisation, voire les encouragements, de Sonia. Bien entendu, elles devront être partagées dans la mesure du possible entre les jardiniers. En leur absence, les plus assidus et disponibles ont la gentillesse de mettre de côté une fraction des récoltes dans le local. Mais parfois, celles-ci se perdent, alors l’habitude a été prise de préparer des « paniers » (de simples sacs) gentiment déposés devant la porte des absents. Une bien jolie attention !
C’est bien joli d’avoir un vaste éventail de légumes au jardin, mais au moment de la récolte, certains – certaines – refusent d’en prendre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il faut apprendre à les cuisiner lorsqu’on n’a pas l’habitude d’en acheter par ailleurs. Et si on a un emploi du temps déjà très contraint, travail, enfants, courses, l’énergie fait défaut pour sortir des plats habituels et se lancer dans de nouvelles préparations culinaires. C’est auprès des jeunes enfants que l’effort se porte, pour les habituer à expérimenter de nouveaux légumes, de nouvelles saveurs, et en premier lieu élargir le champ des crudités avec les petits pois ou haricots verts tout juste cueillis, les carottes et tomates multicolores, les feuilles finement divisées du fenouil ou les jeunes feuilles de chou…
Dans le chapitre des choses à améliorer, quelques mauvais comportements (heureusement très marginaux) ont parfois gâché un peu l’ambiance. Des personnes sont venues se servir sans demander ni partager leur récolte, notamment les melons, bien moins abondants bien sûr que les tomates où quelques ponctions n’ont pas été trop dommageables. Des poches plastique et des capsules de café ont été également découvertes dans les composteurs, alors que les dessins qui figurent sur la pancarte sont très explicites à propos de ce qui est permis et ce qui est totalement à proscrire.
Ces mauvaises expériences ont permis à Libre Cueillette de sensibiliser les résidents sur l’intérêt de rédiger une charte et d’afficher à l’entrée le règlement du jardin partagé. Alors que le sujet traînait depuis plusieurs semaines, une réunion a pu être organisée récemment entre les membres du groupe pour discuter de son contenu avec le pilotage de Sonia.
La terre, même le terreau apporté sur les toits de Lilitegia, n’est pas un substrat inerte, on s’en aperçoit lorsque germent et se développent avec une grande vigueur les graines enfouies d’herbes sauvages. Comme toujours dans le jardin, avant d’agir il faut observer. Ces herbes gênent-elles la pousse des légumes ? Est-il vraiment nécessaire de les arracher sitôt qu’elles montrent le bout de leur nez ? Sur un espace artificiel et aussi exposé que le jardin en terrasses de Lilitegia, elles peuvent avoir une grande utilité. Elles servent d’abri aux plantations, ainsi qu’aux auxiliaires du jardinier (insectes), elles attirent les pollinisateurs, leur densité génère un micro-climat chaud et humide (puisque les plantes transpirent), de même qu’une protection pour le sol qu’il est préférable de ne pas laisser à nu. Enfin, si les très jeunes plantations n’ont pas besoin de cette concurrence trop dynamique, les sauvages arrachées peuvent être immédiatement posées sur place comme paillage, en coupant éventuellement les racines mises à sécher sur une murette de façon à ce qu’elles ne redémarrent pas aussitôt. Ainsi, les micro-organismes les décomposeront tranquillement, enrichissant le sol de leurs molécules organiques et des minéraux qu’elles contiennent.
Il existe une manière douce et peu onéreuse d’irrigation des parterres: l’implantation d’oyas. De quoi s’agit-il ? De pots de terre poreux enfoncés dans le sol à proximité des plantes (les tomates par exemple). Au lieu d’arroser au pied des plantes, on emplit les oyas d’eau. Elle s’en échappera très progressivement et les racines viendront naturellement les entourer pour être au plus près de la source. Cette pratique, testée par Sonia dans une serre d’un jardin partagé des Génies Verts à Cambo, a prouvé son efficacité et sa sobriété.