
Les récoltes se poursuivent durant cet automne particulièrement chaud et sec, aux températures estivales quasiment jusqu’à la mi-novembre. Avec l’arrivée attendue des dépressions, les pluies très abondantes de la fin novembre ont provoqué le pourrissement rapide de quelques légumes (tomates, courges). – Météo France a enregistré un cumul mensuel de 300 mm pour novembre à Biarritz, un record en comparaison des autres régions de France moins arrosées. –

Si les grosses tomates n’ont plus le temps de mûrir, les tomates cerises sont encore nombreuses. Leur peau est un peu plus épaisse et leur chair un peu plus acide, mais encore tout à fait comestible. En novembre, Sonia conseille de finir de récolter les toutes dernières, y compris celles qui ne sont pas mûres: elles seront cuites, soit pour confectionner de la confiture, soit du chutney. En effet, avec le rafraîchissement des températures, le raccourcissement de la durée d’ensoleillement et l’énergie moindre reçue du soleil, les plantes n’auront pas la capacité de les amener à maturité.

Sur la terrasse supérieure, les courges, citrouilles et potimarrons ont pris leurs aises, faisant courir au sol leurs longues tiges pourvues de larges feuilles, et s’échappant parfois des bacs pour se répandre sur le sol carrelé. Les jardiniers-résidents se répartissent les récoltes et échangent des recettes pour agrémenter leurs plats. Suivant la routine hebdomadaire, le contenu du composteur est contrôlé, de façon à retirer ce qui ne peut se dégrader naturellement et y a été jeté par inadvertance, comme les capsules de café par exemple.

A l’occasion de la semaine du développement durable de la ville de Saint Jean de Luz, la municipalité sollicite Libre Cueillette pour accueillir du public au jardin partagé Lilitegia au moment des animations du mercredi 5 octobre. Cette demande est bien entendue acceptée et deux personnes de la mairie accompagnent les visiteurs jusqu’aux terrasses du quatrième étage. Même si peu de gens en bénéficient, cette initiative permet au moins de montrer à des personnes extérieures à la résidence la luxuriance du jardin en automne, ainsi que la diversité de ses plantations.

Cousin du tournesol et pareillement originaire d’Amérique du Nord, le topinambour offre une production de tubercules très abondante. Introduit en Europe au XVIIe siècle, il sera supplanté au XVIIIe siècle par la pomme de terre, originaire d’Amérique du Sud et un peu plus calorique. Lors de la Première Guerre mondiale et durant les années suivantes, les populations civiles allemandes et autrichiennes feront face à une quasi-famine et devront leur survie aux raves et aux topinambours. Ainsi, lors de la Seconde Guerre mondiale, les pommes de terre seront réquisitionnées dans les pays occupés, obligeant les Français à se nourrir de topinambours. La paix revenue, ce légume sera de nouveau délaissé jusqu’à la période actuelle qui voit la remise au goût du jour des légumes anciens.

Sonia aime jouer avec les enfants: elle transforme la récolte de topinambours en une chasse au trésor. A l’aide d’un grattoir, terre et copeaux de bois sont délicatement retirés du pied des topinambours aux parties aériennes complètement desséchées. Certains tubercules sont verts: ils seront conservés en terre. Quant aux autres, blancs ou bruns, petits ou gros, ils s’accumuleront et rempliront des seaux entiers !

Évidemment, la première méthode est un peu lente, c’est tout de même plus efficace d’arracher les plants un à un, de façon à dégager les mottes chargées de tubercules, puis de gratter de nouveau la terre pour récolter ceux qui sont restés accrochés aux racines à plus grande profondeur. Mais même en faisant bien attention, il y en a une telle abondance que certains seront oubliés dans le sol. Ils donneront de nouveaux pieds l’an prochain.




Le jardin partagé offre l’occasion de faire connaître des animaux mal aimés comme les araignées. Insectivores, elles sont les auxiliaires discrètes et efficaces des jardiniers. Nous soulignons l’élégance et la beauté de cette Épeire fasciée qui se laisse admirer placidement depuis sa toile habilement tendue entre les végétaux. Petite fantaisie de cette famille, un étrange et épais zigzag de soie blanche sur l’axe vertical de la toile serait susceptible d’attirer les insectes en reflétant les rayons ultraviolets, comme certains pétales de fleurs qui indiquent ainsi l’emplacement du nectar. Autres hypothèses, ce pourrait être un stabilisateur, un tenseur, voire un « trompe l’œil » propre à éclipser visuellement le reste du piège.

Justement, des tomates, il y en a encore beaucoup sur les plants derrière la belle arachnide. Bien sûr, la plupart sont vertes et ne mûriront pas. Par contre, elles demeurent comestibles sous forme de confiture ou de chutney et sont systématiquement récoltées. Quant aux piments, quelques uns d’entre eux arborent une curieuse couleur noire, signe d’un stress hydrique, trop ou pas assez d’eau. Les autres sont systématiquement récoltés. Tous les rameaux secs sont enlevés et découpés au sécateur pour en faire du paillis sur place, de façon à ne pas laisser la terre à nu, soumise au battement des averses de pluie ou au gel. Cela fait du vide !


Les récoltes de tomates s’étalent sur plusieurs séances jusqu’à la fin du mois de novembre, tant elles sont abondantes. Elles font la joie des enfants qui grappillent à plaisir, sans oublier d’y goûter. Attention, il faut apprendre à les choisir bien mûres, sinon gare aux maux de ventre ! Beaucoup de fruits sont tombés à terre, soit qu’ils aient été piqués par des insectes ou des oiseaux, soit qu’ils étaient trop mûrs. Nous découvrons ainsi des nappes de semis naturels qu’il est nécessaire de récupérer pour les mettre en pots et les garder au chaud dans les appartements en attendant le printemps pour les remettre en terre. Les températures descendent trop bas chez nous pour que ces jeunes pousses subsistent pendant les mois d’hiver. Il ne faut pas oublier qu’elles sont originaires de l’Amérique du Sud, avec des formes sauvages rencontrées au Pérou et en Équateur. Mais c’est au Mexique que ces plantes furent domestiquées et cultivées par les Aztèques qui les appelaient « tomalt« .




Le travail de collecte des semis ne sera malheureusement pas bien compris des jardiniers-résidents. Placés en attendant leur « adoption » sous l’escalier, les pots ne seront pas arrosés pendant la semaine suivante, bien trop chaude pour ce mois d’octobre, ni récupérés dans les appartements pour y être soignés et conservés. Sonia refera un nouvel essai de collecte avec d’autres semis en renouvelant ses explications. Peut-être quelques plants seront-ils sauvés et remis en terre au printemps prochain ?



