Début avril, Armelle, jardinière-botaniste-animatrice au Jardin botanique de Saint Jean de Luz, est contactée par Émilie, qui réalise des reportages pour la chaîne télévisée TVPI. Elle lui suggère de s’adresser à l’association Libre Cueillette et nous prévient en suivant. Sonia et moi décidons de concert de proposer le thème si décrié des « Herbes folles ». Non seulement le sujet est accepté par la direction, mais celle-ci demandera d’y ajouter un second reportage dédié aux Limaces ! C’est Sonia qui présentera chacun des deux sujets. Rendez-vous est pris avec Émilie pour le mercredi 12 avril. Malheureusement, il pleut à verse ce jour-là et la rencontre est reportée au lundi suivant à 9 heures. C’est une bonne décision: le temps sera magnifique et la luminosité idéale.
Cela ne se voit pas, mais Sonia est hyper stressée ! Toute la nuit précédente, elle a tenté d’écrire un script pour mettre en ordre ses idées et les énoncer clairement devant la caméra, mais rien à faire, non seulement elle n’a rien pu rédiger, mais en plus elle a super mal dormi… Heureusement, son expérience d’animatrice et toutes les formations qu’elle a faites lui permettront d’assurer sans problème. Émilie, la jeune cinéaste, sera même épatée de son aisance, de son élocution et de la clarté de ses explications ! Puisque chacun des reportages ne durera que six minutes, nous n’imaginons pas que les prises de vue nécessiteront en réalité la matinée entière ! Émilie est tellement enthousiasmée par le lieu (le jardin installé au sommet de deux immeubles contigus de Lilitegia, sur leur toit en terrasse), ainsi que par les deux sujets (herbes folles et limaces), qu’elle souhaite prendre tout son temps pour bien les mettre en valeur.
Comme au cinéma, la première prise n’est pas tout à fait au point: Émilie demandera à Sonia de refaire son introduction plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle présente correctement le lieu et le sujet. En effet, il ne s’agit pas d’un dialogue où Sonia répondrait aux questions posées par Émilie, présente à ses côtés devant la caméra, mais d’un exposé où Sonia assume seule les deux rôles, tandis qu’Émilie demeure cachée et muette, hors champ de la caméra.
Contrairement aux petites vidéos amateurs que l’on peut trouver sur la Toile, Émilie construit son petit documentaire en variant les angles de vue, mais également en prévoyant d’insérer des incrustations pour illustrer le discours de Sonia et mettre un peu de dynamisme dans le traitement du sujet. Ainsi, par exemple, elle prend son appareil photo à la main pour effectuer des macros sur les nodosités (ou nodules) présentes sur les racines de trèfle. En effet, sous l’action de certaines bactéries, des poils absorbants des racines se modifient et prennent la forme de petites boules qui permettent à la plante de capter directement l’azote de l’air et synthétiser naturellement des substances fertilisantes. Cette symbiose entre les plantes et les bactéries se produit sur toutes les Fabacées (que l’on appelait autrefois les Légumineuses) comme la fève – qui a donné son nom à cette famille de plantes -, mais aussi le pois, le haricot, le soja, l’arachide, les lentilles et beaucoup de plantes sauvages, herbes, arbustes ou arbres qui produisent des gousses où se trouvent les graines.
Outre un amendement naturel du sol, le massif de trèfle procure au ras du sol un micro-climat chaud et humide, de même qu’une protection contre les bourrasques de vent. Ainsi, une clairière y a été ouverte en désherbant à la grelinette juste l’espace nécessaire à deux rangs de plants de tomates et de courges. Pour plus de sécurité, ils ont été recouverts d’un tunnel translucide afin d’éviter un dessèchement et des écarts de température excessifs comme il peut s’en produire au printemps. Juste pour le reportage, Sonia montre rapidement l’usage de la grelinette dans un angle du massif.
En montrant les herbes qui poussent en spontané et le massif de fraisiers, Sonia a signalé à Émilie la présence de petites limaces, une transition fort à propos puisque le second reportage se fait à la suite du précédent. Il y a également des insectes, butineurs ou suceurs de sève, ainsi que des oiseaux qui surveillent les opérations et s’intéressent de près aux graines des herbes folles qu’ils viennent collecter en jouant aux équilibristes sur les tiges frêles.