Ah ! Ils n’ont pas eu besoin de se faire prier ! Sitôt au jardin, les enfants se sont souvenus des animations de l’an passé et ils se sont précipités directement vers le coin où s’accumulent les feuilles mortes pour enrichir le paillage des bacs. C’est bien la preuve que ces activités d’initiation au jardinage leur avaient plu. Les puéricultrices les avaient également tellement appréciées qu’à l’issue des animations en juillet dernier, elles avaient déjà signifié leur intention de refaire une demande de subsides pour inviter l’association Libre Cueillette à poursuivre cette fructueuse collaboration.
Un hélicoptère a décollé de l’aéroport tout proche et il survole le quartier. Levant le doigt, un enfant montre qu’il l’entend. Sonia profite de l’occasion pour inviter à écouter les chants d’oiseaux perchés dans le bosquet. Une petite fille sait dire qu’ils font « cui cui ». Sonia rappelle qu’ils ont des ailes et volent : elle balance les bras en courant sur l’herbe, suivie des plus délurés qui l’imitent, tandis que les plus jeunes ouvrent de grands yeux étonnés.
Elle attire les petits en jouant aux maracas avec un sachet de graines. Intrigués, ils s’approchent et elle les invite à prendre chacun une graine. Pour cela, elle leur montre comment faire la pince avec deux doigts pour s’en saisir. Ah! Ce n’est pas facile pour ces petits doigts malhabiles ! Elle verse quelques graines dans sa paume ouverte pour faciliter l’opération, puis elle les aide à bien refermer leur main sur la graine pour ne pas la faire tomber. Malgré ses injonctions, certains oublient très vite leur mission et il faut chercher au milieu des brins d’herbe les haricots, les fèves ou les petits pois oubliés.
Étapes suivantes, faire un trou dans la terre avec un doigt, y glisser la graine, la recouvrir de terre, tasser… Que c’est compliqué ! Pendant que l’un se concentre, l’autre plonge les deux mains à plaisir dans la terre, il la soulève par poignées et la déverse sur l’herbe, comme s’il était sur la plage avec le sable… Par contre, un autre montre ses mains toutes noires, dégoûté, pour qu’on les lui nettoie. On lui montre comment les frotter l’une contre l’autre et cela devient un jeu, l’enfant plonge les mains derechef dans le bac, tout est à recommencer. Difficile de semer correctement dans ces conditions !
La tâche suivante est une petite initiation au bouturage. Une feuille de sauge passe de main en main pour être humée. Malheureusement, deux ou trois enfants sont tellement enrhumés que des chandelles s’écoulent en permanence de leur nez: ils ne risquent pas de pouvoir sentir quoi que ce soit. Il faudra renouveler l’expérience un autre jour. Dans le même esprit, un petit laurier sauce déraciné de mon jardin juste avant l’animation est planté dans le point le plus bas du jardin, à l’angle du mur et du grillage, près de l’entrée. S’il survit, ce sera une source permanente de bonne odeur et même un condiment pour la cuisine confectionnée sur place.
La semaine suivante, il pleut: que faire ? Sonia a plus d’un tour dans son sac. Qu’à cela ne tienne ! On va semer à l’intérieur. Le problème, c’est qu’il n’est pas possible de prendre tous les enfants en même temps dans cet espace restreint. Ceux qui sont relégués de l’autre côté de la barrière sont très déçus et l’un d’eux braille en continu, jusqu’à ce que son tour arrive, une demi-heure plus tard… Dur-dur !
Sonia distribue à chacun un gobelet en carton. D’un air mystérieux, elle montre son coffret à trésors, leur enseigne comment ouvrir et fermer le petit loquet, puis elle finit par soulever le couvercle: miracle, ce sont des graines ! Les petits se bousculent pour en avoir, la glissent dans le gobelet, oublient de le tenir bien droit et le renversent… Ça y est, il y a des graines partout sur le sol. Chacun ramasse la sienne et la remet dans son pot. Voilà une opération qui aura duré déjà un bon petit moment ! La dextérité, ça s’apprend et il faut s’y exercer longuement. Les enfant adorent.
Après toute cette concentration, il faut se défouler. Sonia distribue à la ronde boîtes et sachets de graines et montre comment les convertir en instruments de musique. Elle se met à secouer son sac, un petit garçon l’imite avec son paquet de graines de haricots et il est chaudement félicité. Peu à peu, même les plus timides et réservés s’y mettent, et c’est bientôt un beau concert de maracas ! Quelle rigolade !
Après avoir étendu un drap de protection (toute relative), l’activité se poursuit avec le recouvrement de la graine avec la terre. Il y en aura partout, mais les enfants apprécient beaucoup de le faire eux-mêmes. Le problème, c’est que certains font comme à la plage, ils renversent le pot comme s’il s’agissait d’un seau de sable et il faut tout récupérer, graine et terre…
Enfin, il reste un peu de temps pour prendre le petit groupe de « délaissés ». Les pleurs du garçon s’arrêtent instantanément: il s’agissait bien de l’expression (bruyante) de sa déception d’être exclu de l’animation. C’est génial de voir que même de très jeunes enfants arrivent à comprendre, s’intéresser et participer à l’activité, imitant avec une concentration exacerbée les gestes des plus grands. Vivement la prochaine animation !