Le nouveau jardin partagé d’Anglet Sutar vient d’être baptisé « Amalur », la Terre Mère en basque, un bien joli nom. Au gré des disponibilités de chacun, les habitants des deux résidences voisines Escoundé et Lagunekin se réunissent, soit au moment de l’animation Libre Cueillette avec Sonia et Cathy le vendredi à 17 heures, soit à d’autres moments de la semaine.
Les semis sont pratiqués sur plusieurs balcons et terrasses, des « pouponnières » dont nous apprenons l’évolution au travers du groupe WhatsApp qui s’est formé dès l’origine. Astrid, par exemple, a déploré la perte de nombreuses pousses dévorées par le lapin domestique qui évolue librement sur le balcon ! Kattalin a découvert une limace dans l’appartement et quelques feuilles dévorées par les mollusques à l’odorat bien développé (comme le lapin) et qui se déplacent, tout compte fait, sur de bonnes distances, y compris sur les surfaces minérales de l’appartement en rez-de-jardin. Florence, quant à elle, a expérimenté une technique expliquée par Sonia. Elle a semé sur un terreau bien humide, puis enveloppé le bac dans une poche en plastique hermétique pour induire un effet de serre. Mais elle a appris à ses dépens qu’il ne faut pas laisser les semis directement exposés au soleil: les jeunes pousses fragiles ont été littéralement cuites en une seule journée et gisaient lamentablement, irrécupérables ! C’est comme cela qu’on apprend…
Trois ou quatre résidents forment, depuis l’origine du projet, un petit noyau moteur d’Amalur. Sonia et moi leur avons suggéré de participer dès à présent à des bourses aux plantes. Nous leur en avons expliqué le principe: il suffit d’amener quelques semis bien démarrés, quelques boutures qui ont pris. Ensuite, il n’y a plus qu’à discuter avec les autres jardiniers présents et de procéder aux échanges. L’ambiance est toujours excellente, et comme chacun amène ses surplus, on repart le plus souvent avec bien plus de plantes que l’on en a amené. Ils ont ainsi découvert le jardin partagé animé par la MVC de Balichon à Bayonne qui a organisé une bourse aux plantes dès que les restrictions Covid se sont relâchées, puis ils se sont rendus à Arnaga, le superbe jardin de la maison d’Edmond Rostand à Cambo, d’où ils ont aussi ramené toute une collection de plantes.
Depuis la première animation du 23 avril (déjà deux mois !), le jardin a déjà bien avancé. Il a fallu freiner les enthousiasmes pour ne pas mettre en terre trop tôt les tomates (météo trop chaude en avril et trop froide en mai), mais comme les semis divers et variés progressaient bien sur les balcons et terrasses, beaucoup ont été plantés dans le jardin. Cela a dégagé de la place pour d’autres semis qui ont pu être effectués en suivant ! Bien sûr, quand un jardin démarre, la biodiversité n’est pas encore installée, et le petit nombre de plantes fait ressentir plus profondément la perte de l’une ou de l’autre, dévorée par un prédateur curieux d’élargir sa palette de dégustation. Tout ne réussit pas, et c’est normal ! Par contre certaines plantes réussissent à pousser malgré les limaces et autres escargots, comme les choux par exemple dont les feuilles coriaces et tanniques limitent les dégâts. Une course contre la montre se produit devant nos yeux, entre la vitesse de pousse des plantes et la vitesse à laquelle les prédateurs les grignotent (mollusques) ou en aspirent la sève (pucerons).
Kattalin applique consciencieusement les conseils de Libre Cueillette. Elle a ouvert un cahier et un classeur pour noter, d’une part, le suivi des actions au jardin et, d’autre part, celles qui sont à faire pour le vendredi suivant, les plantes déjà en place et les semences ou jeunes plants qui pourraient être acquis. Sonia a fourni tout un éventail de graines qui ont pu être semées directement en pleine terre ou placées en « pouponnière » chez les résidents.
Petit à petit, l’étiquetage des plantes avance, de façon à ce que les jardiniers, aussi bien que les autres résidents, sachent ce que contient le jardin, et aussi pour ne pas risquer de déranger des semis dont on n’aurait pas mémorisé l’emplacement ! Une plante obtenue à Balichon ou Arnaga est intrigante: lorsqu’on frotte légèrement ses feuilles entre les doigts, elle dégage une odeur de « coriandre vietnamienne » (Rau ram, Persicaria odorata), alors qu’elle n’en a aucunement l’aspect. Il s’agit de la Houttuynia cordata, appelée aussi Poivre de Chine ou Herbe à poivre. Ses feuilles sont utilisées en cuisine vietnamienne, mangées crues en accompagnement de plats à base de viande ou de poisson. Ses racines sont aussi consommées comme légume en Chine, dans la province de Guizhou.